Mon histoire… On ne peut pas dire que c’est de gaité de cœur que je vais vous la raconter. J’aimerais l’oublier, mais en même elle fait partie de moi, elle a fait celle que je suis aujourd’hui. Oh elle pas grand-chose d’exceptionnelle, on ne peut pas dire que ma vie soit palpitante et pourtant… J’aimerais qu’elle le soit.
Je suis née il y a de ça 16 ans, une nuit de vendredi 13. Jusque-là, rien d’anormal sauf pour les superstitieux. Sauf que voilà, ma mère en était une et visiblement pour une fois, ces croyances stupides aillaient s’avérer exactes. Ma mère était enceinte de jumelles, moi et ma sœur qui ne vit jamais le jour. Elle avait caché sa grossesse du mieux qu’elle avait pu, car mon père était un homme extérieur au clan, mais au bout d’un moment, ça avait fini par se voir et elle avait dû avouer sa faute. Loin d’être pardonnée, on lui laissa tout de même mener sa grossesse jusqu’à son terme et là, commença le début de son cauchemar et du mien.
Loin de mettre deux jolies petites filles au monde, ce fut une boule de poils blanc rayé de noir qui vit le jour, et seulement une. Aujourd’hui encore, personne ne sait ce qui a causé la disparition de ma sœur. Certains pensent que nous avons fini par fusionné, d’autres encore pensent que je l’ai dévorée afin de pouvoir naitre, mais la seule chose de sure, c’est qu’il n’y a jamais eu de second corps. Ma mère pleura énormément ce jour-là, elle avait enfanté un monstre car pour un tigre, j’étais blanche aux yeux bleus. Elle faisait aussi partie de ceux qui pensaient que j’avais dévoré ma sœur et en guise de vengeance, elle me nomma « Aika » pour que tous puissent savoir le mal que je lui avais fait.
Rejetée par ma mère et faisant partie des maudits, on m’éloigna vite du reste de la famille. Mais même parmi les « miens », j’avais du mal à m’intégrer. J’étais une curiosité, un tigre blanc… C’était loin d’être courant. Une rumeur commença à se propager comme quoi, en plus d’être maudite par le zodiaque, l’esprit de ma sœur m’avait lancé une malédiction pour l’avoir dévorée… Ils étaient tous stupides.
Bien entendu, tous ces « on dit » me faisaient du mal, mais jamais je ne le montrais, je restais souriante face à tous. Mais dès que je me retrouvais seule dans ma chambre, je laissais libre court à mes larmes, me vidant de toute la tristesse emmagasinée lors de la journée.
Les années passaient et les jours étaient tous les mêmes, mornes, monotones. Je voulais partir, je voulais vivre en dehors de ces murs, découvrir le monde qui m’entourait. Alors sans prévenir, je partis, emportant avec moi le strict minimum pour pouvoir survivre. Je ne comptais pour personne, alors que je sois là ou non, ça ne changeait rien.
La vie m’ouvrait enfin ses bras, et je comptais bien en profiter pleinement.
Ce que je n’avais pas prévu une fois dehors, ce qu’il me faudrait un toit sur la tête. Je ne pouvais décemment pas dormir sous un pont mais où aller ? C’est armée de mon sac que je parti à l’aventure en ville à la recherche de logement.
Oui mais voilà, ça n’était pas si simple. Je n’avais pas trop d’argent et personne ne voulait louer à une étudiante qui n’avait comme garantie que son nom de famille. Pourtant, alors que je déambulais dans les rues de la ville, je tombais sur une annonce devant un petit bar « Recherche serveuse, logement de fonction mis à disposition ». Mais c’était parfait pour moi ça, un petit travail et un logement, que demander de plus ? Ni une ni deux, j’entrais dans le bar et demandais à voir le patron, en précisant que j’étais intéressée par l’annonce. Tout semblait lui correspondre mis à part mon âge, parce que oui, il me manquait encore quelques années avant de d’être majeure. Et pour la première fois de ma vie, je fis quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas, j’insistais. Il finit par céder mais mis les choses au clair dès le début : si ma présence ici lui causait le moindre souci, il me mettrait à la porte sans préavis. Je le remerciais, heureuse, et espérait que jamais personne ne s’intéresserait à moi ici.
Une fois les papier signés, il me demanda de le suivre et me conduisit vers l’endroit où j’allais pouvoir vivre. L’appartement n’était pas grand, il n’était même pas entretenu correctement. Quand on venait du domaine des Sôma comme moi, ça faisait un sacré choc, un sacré contraste, mais ce petit 2 pièces était toujours mieux que rien du tout.
Le logement, la petite rentrée d’argent, tout ça c’était ok. Maintenant, il allait falloir que j’arrive à aligner cours et travail et ça, se serait une autre paire de manches.
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Comment je suis physiquement… J’ai un physique passe-partout, des formes mais pas rien d’exceptionnel, une peau un peu plus pâle que la moyenne, des grands yeux bleus et… Ah si j’ai quelque chose qui sort du lot : de très, très longs cheveux blancs. C'est assez lourd à porter parce que ce n'est pas une couleur commune à moins d'être albinos, ce que je ne suis pas. Au début, j'ai tenté de me justifier, mais maintenant je n'y fait plus trop attention, je suis comme ça et j'y peux rien.
Niveau vestimentaire, j’ai laissé tomber le style trop classique de la demeure. Un nouveau look pour une nouvelle vie ! J’ai envoyé valsé tous les codes de stylisme pour faire ce qui me plait, bas dépareillés et de hauteur différente, jupette plissée. Par contre pour le haut, c’est un peu plus compliqué. J’ai
quelques vilaines cicatrices au niveau des épaules et je ne supporte pas le frottement du tissu dessus, je ne porte donc que des hauts avec les épaules dénudées, même pour
l’uniforme scolaire.
Pour ce qui est de ma malédiction, je me change en un
magnifique tigre… blanc… Quoi, vous ne voyez pas ? Mais si, c’est comme un tigre normal, mais aux yeux bleus et passé à la javel pour lui faire perdre ses couleurs (ne faites pas ça chez vous, votre chat risque de ne pas aimer). J’ai des crocs, des griffes, mais je ressemble plus à un grosse peluche qu’à un véritable prédateur. Je n’ai jamais fait de mal à une mouche, quoi que les rumeurs en disent chez les Sôma.
Mais rare sont ceux à avoir vu cette part de moi, je ne me transforme que rarement et jamais par contact physique, il faut dire que je fais pas vraiment partie de celles qu’on veut serrer dans ses bras et encore moins là d’où je viens… Jusqu’à présent, mes seules transformations ont été dues à la fatigue, à une très grosse fatigue même.
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Mon caractère ? Je vous trouve de plus en plus curieux, à quoi va servir ce questionnaire ? Y a un piège derrière ? Non ? Bon dans ce cas… Mais je vous préviens que c’est la dernière question à laquelle j’accepte de répondre.
Je suis une jeune fille gentille, peut-être même trop parce que ça se retourne souvent contre moi. Ayant souvent être mise de côté, je me sens seule et la solitude non désirer, ça fait mal. Si bien que je réponds toujours présente quand quelqu’un a besoin d’aide, j’ai besoin de me sentir et de me savoir utile, mais on finit toujours par profiter de ma naïveté et de ma gentillesse pour me faire du mal avant de m’abandonner comme une vieille chaussette usée. Malgré tout ça, je reste douce et souriante, jamais vous ne verrez pleurer parce que mes larmes, je ne les laisses couler que quand ma solitude reprend le dessus sur le reste.
Bien que tigre, quand je suis sous ma forme animale, je suis une sorte de
grosse peluche vivante en manque de câlin et d’attention. Mais on me voit rarement sous cette forme, je la cache comme la peste. Pas que je ne m’accepte pas, ça non, mais ce n’est pas le cas de tout le monde…