Journal de Bord, le 27/02/2014
«Aujourd'hui, j'ai décidé de ne pas écrire mes comptes-rendus d'aviation. Non, je veux coucher sur papier mon histoire afin que tout ce que je garde en moi depuis si longtemps puisse enfin sortir. Afin que je sois libérée de tout ce poids qui m'empêche d'étendre mes ailes et de m'envoler vers le ciel. Vers de nouveaux horizons. Vers ce nouveau voyage.
Mes parents se sont rencontrés un jour d'automne en l'an de grâce 1985. Mon père se nommait Wataru Sôma et ma mère Maetel Yuuki. Mon père était un aviateur renommé aux quatre coins du pays du soleil levant tandis que ma mère était un écrivain méconnu du grand public.
Ce jour-là, l'avion de mon père se dérégla alors qu'il était en plein vol, ses commandes ne répondaient plus, et il fut contraint d'abandonner son appareil. C'est donc naturellement qu'il se saisit d'un parachute et qu'il sauta de son avion. Après une longue descente, il se cogna contre une falaise et perdit connaissance tandis que son parachute continuait de l'entraîner vers le bas. Il se posa finalement au milieu d'une clairière et c'est ici que le trouva ma mère, étendu au milieu d'un champ de feuilles mortes, dormant comme un enfant. Elle crut que c'était un ange tombé du ciel. Elle attendit patiemment son réveil lorsqu'elle comprit que sa vie n'était pas en danger et qu'il était seulement assommé. La suite est digne d'un compte de fée. Wataru se réveilla et Maetel prit soin de lui jusqu'à ce qu'il se rétablisse et ils tombèrent amoureux l'un de l'autre. Quatre ans plus tard, je vins au monde.
Je naquis donc un matin de printemps et, surprise, lorsque mon père me prit dans ses bras je me changeai en une tigresse du Bengal. Cependant, mes parents m'acceptèrent telle que j'étais et me donnèrent autant d'amour que peut en demander un enfant. Je passai une enfance heureuse auprès d'eux. Mon père me communiqua sa passion des avions et ma mère le goût de la lecture et de l'écriture. Tant que mon père était en vie, jamais Akito ne put me martyriser ou me brimer. Je crois même que notre chef de famille était impressionné par l'aura et le charisme de l'aviateur. De même ma mère veillait à ce que je puisse communiquer avec des gens de l'extérieur, alors elle m'inscrivit dans une école primaire publique. Bien sûr, je passais beaucoup de temps avec les douze, mais je menais une vie sociale à l'extérieur de la maison Sôma.
Tout ce bonheur prit fin le jour où mon père se crasha en avion. Il mourut à bord de son appareil car il ne put s'en s'éjecter à temps. Ma mère entra dans une profonde dépression et elle ne put jamais en sortir depuis. Alors, Akito en profita pour mettre la main sur moi. Je ne devais pas quitter la maison familiale des Sôma et je restais presque jour et nuit à ses côtés à l'écouter me rabaisser, m'humilier, me susurrer des paroles si noires que je finis par les croire. Ma mère ne fit rien pour moi, tant elle était plongée dans un profond désespoir. Elle faillit en perdre la raison. Cette période de mon existence est si sombre que je ne préfère pas m'y attarder. Elle dura près de deux années, je venais d'avoir douze ans.
C'est alors qu'un fantôme ayant la forme d'un homme de petite taille, vint me tirer de l'enfer dans lequel je vivais. Il s'appelait Tôchiro. Oyama Tôchiro. C'était le meilleur ami de mon père et il était ingénieur dans l'aviation. Je le connaissais vaguement pour l'avoir déjà vu en compagnie de mon géniteur. Il débarqua un jour dans la maison familiale et réclama ma garde à Akito avec tant d'insistance que ce dernier finit pas céder à contre coeur. Je ne sus jamais comment il réussit à convaincre notre chef de famille. Mais je me souviendrai toujours de ce jour où il vint m'annoncer que je vivrais dorénavant chez lui en compagnie de ma mère qui n'allait pas tarder à sortir de l'hôpital dans lequel elle séjournait depuis la mort de mon père. Elle commençait à reprendre goût à la vie et c'est elle qui avait supplié Tôchiro de m'extirper de la maison des Sôma et de me soustraire à l'emprise d'Akito. Nous recommençâmes une nouvelle vie auprès de Tôchiro, son épouse Emeraldas et sa fille de sept ans, Mayu. Ceux-ci n'avaient pas connaissance de la malédiction. De plus, avec le temps je parvins à pardonner à ma mère de m'avoir abandonnée au chef de famille.
Je passai une vie tourmentée auprès de cette nouvelle « famille », tant j'étais hantée par le fantôme d'Akito et par celui de mon père. Ma génitrice vainquit la maladie et reprit son travail. Moi, j'étais si marquée par ce que j'avais vécu que je ne parvenais pas à reprendre une vie normale. J'allai cependant au lycée puis dans une école de pilote de l'air. Je rangeai mes souvenirs douloureux tout au fond de moi et continuai à vivre en fréquentant le moins possible « l'intérieur ». J'obtins mon diplôme de pilote et je pus alors m'épanouir dans mon métier. Je suivais enfin les traces de mon père pour mon plus grand bonheur et celui de Tôchiro. D'ailleurs, lors d'un combat aérien, je fus sévèrement blessée au visage et j'en conservai une grande cicatrice qui s'étend du nez à la joue. C'est la marque d'un combattant ! D'un combattant de la liberté !
Quelques mois plus tard, je rencontrai Harlock. C'était un pilote de l'aviation japonaise qui faisait partie de la même escadrille que moi. Avec mon « Arcadia », oui c'est bien le nom de mon appareil, nous volions souvent ensemble. C'était un homme grand et mince, aux cheveux bruns ébouriffés et à l'oeil brun. En effet il était borgne, et un cache œil noir masquait cette particularité. Je tombai follement amoureuse de lui et lorsque je compris que c'était réciproque, mon cœur faillait exploser de joie. Nous vécûmes une année de bonheur sans commune mesure.
Puis il y eut l'accident. Harlock fut descendu par un pirate de l'air et son appareil se crasha en pleine mer, au cœur du triangle des Bermudes. On ne retrouva jamais ni son corps, ni son avion. Ils avaient tout bonnement disparu. Sa mort me plongea dans un profond désespoir et je ne trouvais plus le courage de monter à nouveau à bord de l'Arcadia. Cela fait maintenant deux ans qu'Harlock n'est plus de ce monde mais j'ai l'impression que je l'ai perdu hier. Depuis j'ai de nouveau « volé », mais une appréhension que je n'avais jamais ressentie auparavant m'étreint chaque fois que je décolle. "
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Kei est une personne grande, environ 1m 78, et de taille fine. Ses cheveux sont roux et lustrés et atteignent ses pieds. Ils sont très longs car elle les laisse pousser depuis sa plus tendre enfance. Elle retient sa chevelure par une barrette argentée en forme de tête de mort. Sa peau est plutôt pâle tandis que ses yeux sont d'un vert délavé auxquels s'ajoutent de longs cils noirs. Elle a des lèvres et un nez fins. Une cicatrice barre son visage, son côté gauche, du nez jusqu'à la joue. Elle ne possède pas des formes affolantes et elle en est satisfaite. Ses couleurs de prédilection sont le rouge et le noir. Vestimentairement parlant, elle apprécie les habits moulants vermeils ainsi que les cols hauts et ouverts. Dans sa garde robe des jeans, des robes courtes et des pantalons de cuirs se battent en duel aux côtés de ses uniformes de pilote de l'armée de l'air japonaise. Mais toujours une tête de mort, plus ou moins discrète, orne ses vêtements. Cette dernière symbolise la liberté tant recherchée, sa volonté de s'éloigner du lien des douze qui l'entrave et l'étouffe.
Lorsqu'elle se transforme, elle devient un tigre du Bengal de taille moyenne. Une belle bête au poil roux sur le dos et blanc au niveau du ventre, zébrée de rayures noires. Elle possède des crocs et des griffes longs et affûtés comme des rasoirs. Devenue tigresse, elle conserve sa cicatrice qui cette fois-ci lui barre le haut du museau jusqu'aux naseaux.
Kei est une jeune femme indépendante volontaire et déterminée. Elle sait ce qu'elle veut, pourquoi elle le souhaite et la manière dont elle l'obtiendra. Elle ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs, on peut donc dire qu'elle est ambitieuse. Douée d'une volonté et d'une ténacité sans commune mesure, Kei va jusqu'au bout de ce qu'elle entreprend. Courageuse, voire téméraire, elle ne s'effraie pas devant le danger et cours même au devant de celui-ci. De plus c'est une jeune femme franche et loyale. Derrière cette apparence vaguement austère froide et taciturne, elle se préoccupe de ses semblables et est altruiste. Elle déteste voir les gens souffrir et est essaie de son mieux de les aider, mais elle n'attend aucun remerciement et aucune reconnaissance. Car, malgré tout, elle n'est pas très sociable et elle ne sait pas toujours comment se comporter avec les jeunes gens de son âge. Ces principaux défauts sont l'orgueil, l'impulsivité, la méfiance et la susceptibilité. Dès qu'elle se sent menacée, elle devient belliqueuse. Son plus grand rêve est d'être délivrée de la malédiction qui enchaîne les Sôma afin de pourvoir mener sa vie comme elle l'entend. Pour ce faire, elle décida de devenir pilote de l'air afin de rester éloignée d'Akito le plus longtemps possible tout en vivant sa passion. De ce métier elle a acquis une discipline de fer et une endurance à toute épreuve. Malgré son caractère prononcé, elle éprouve, comme les autres maudits, un sentiment bien particulier à l'égard du chef de famille. Une appréhension, un respect craintif, qu'elle déteste ressentir mais qu'elle ne peut réprimer. Paradoxalement elle ne hait pas se transformer en tigre, mais si le prix de sa délivrance était l'abandon de cette capacité, elle la laisserait sans regrets.