Une pierre qui dévale la pente, qui roule, roule... De plus en plus vite jusqu'à se fracasser en bas de la colline. Voilà comment Rin perçoit sa vie.
Dans son enfance Rin était une petite fille épanouie. De jolies joues d'enfant et un sourire plein d'innocence. C'était une enfant heureuse. Elle n'avait aucun soucis, ses parents l'aimaient beaucoup et sa maison était un foyer chaleureux. Non, elle n'avait pas de problème comme les autres maudits. Même Ren le lui avait dit une fois. Oui, Isuzu était comblée à cette époque. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Un peu trop, peut-être...
« Papa, maman, pourquoi vous êtes toujours si joyeux ? Êtes-vous vraiment heureux ? »
Ce fut la première et dernière fois que l'enfant prononça ces mots. Les masques tombèrent et après ça tout s'effondra. La pierre commença alors lentement mais sûrement à glisser.
A partir de ce jour, ses parents devinrent haineux avec elle. Ils ne l'avaient jamais aimé, mais ils la supportaient. Ils avaient joué la comédie, créant un bonheur factice qui n'avait plus lieu d'être. Tous les matins, la jeune fille se posait les mêmes questions. Est-ce qu'ils sont de bonne humeur ? Est-ce qu'ils vont me disputer ? Vont-ils m'ignorer ? Que faire pour me faire pardonner ? Et c'était toujours avec une boule au ventre qu'elle se levait de son lit.
En pleine dépression, culpabilisant sans réaliser que ce n'était pas de sa faute, la maudite dormait très mal la nuit. Elle ne mangeait presque pas, à vrai dire sa mère la laissait se débrouiller et ne s'occupait même plus de ses repas. Parfois, il arrivait que son père la gifle dans un excès de colère mais la brune ne répliquait jamais. Elle encaissait tout, pensant qu'un jour ses parents lui pardonneraient et que tout pourrait redevenir comme avant.
Et la pierre qui roulait accéléra...
« Tu n'as plus besoin de renter chez nous. Je ne sais plus du tout comment t'aimer. »
… pour se briser une première fois.
La jeune fille, au collège à l'époque, s'était évanouie en pleine rue car trop faible. Et quand Hatsuharu et Kazuma l'avaient emmenée à l'hôpital, c'était les mots que sa mère lui avait jeté à la figure. Ce fut comme un coup de couteau. La jeune fille s'effondra, désorientée, paniquée et brisée. Si on ne voulait pas d'elle, si on n'avait pas besoin d'elle, si on ne l'aimait pas... que lui restait-il ? Qu'est-ce qu'elle allait pouvoir devenir ?
Ce fut là que Haru intervint, criant à la mère de Rin de s'excuser. Et les mots qui sortirent de la bouche de l'enfant à l'époque furent un fin fil d'espoir auquel se raccrocher pour la brune. Elle le remercia en larme.
Ce fut la dernière fois qu'elle vit ses parents. Il fut décidé qu'elle habiterait chez Kagura, mais elle ne se sentait pas bien dans ce foyer où la bonne humeur emplissait chaque pièce. Elle passait ses journées enfermées dans sa chambre. Et dans ces moments là, de sombres pensées l'envahissaient. De la colère, de la tristesse. Elle se demandait ce qu'elle avait fait de mal, qu'est-ce qui n'allait pas. Et toujours, c'était dans ces moments là que Hatsuharu apparaissait. Petit à petit, au fil des jours, des semaines, des mois... le jeune homme lui redonna goût à la vie. Un de peu lumière revenait dans le cœur d'Isuzu. Elle retrouva le sourire et des joies simples... jusqu'à tomber désespérément amoureuse du bœuf. La jeune fille savait qu'elle n'avait pas le droit, qu'on risquait de la punir pour ça, mais elle n'arrivait plus à raisonner. Elle voulait Hatsuharu, et ce sentiment réciproque lui apporta un bonheur comme jamais elle n'en avait connu avant. Pendant un instant, la brune crut la pierre allait enfin cessé de rouler.
« On m'a dit que tu sortais avec Hatsuharu. »
Mais elle ne ralentit que pour mieux s'effondrer.
Akito savait. Akito savait. Ces mots se répétaient dans l'esprit du cheval telle une sonnette d'alarme. Qui ? Quelqu'un les avait vu ? Alors qu'elle paniquait, le chef de famille lui demanda qui avait fait le premier pas. Qui devrait recevoir sa colère. Rin ne réfléchit pas. Pour protéger son bien aimé, elle affirma que c'était elle.
Et la pierre se brisa.
« Tu sais, on n'a plus besoin de toi. »
Ce fut à ces mots qu'Akito la fit tomber du premier étage. Seul Hiro fut témoin de la scène. Après avoir été une nouvelle fois hospitalisée, Rin décida de quitter Haru. Elle lui cracha à la figure qu'elle ne voulait plus le voir, qu'elle ne l'aimait plus. Chaque mot déchirèrent son cœur, mais c'était nécessaire pour le protéger, le protéger d'Akito et d'elle-même. Et ce jour là, elle décida qu'elle ferait tout pour trouver une solution à la malédiction et délivrer Hatsuharu... même si pour cela, elle devrait rester seule.
~♥~♥~♥~♥~♥~♥~
Rin est une jeune femme grande et mince, ses longues jambes rappelant sans mal le cheval avec lequel elle est associée. Elle a une taille fine, mais cela s'apparente plus à de la maigreur car elle oublie souvent de manger, ce qui n'arrange rien à sa santé fragile. Toutefois, malgré ça, elle dispose d'une généreuse poitrine. Si la maudite prenait les quelques kilos dont elle a besoin, elle pourrait sans aucun doute faire mannequin. Ses yeux sombres s'accordent avec ses longs cheveux noirs qui lui arrivent jusqu'au bassin. Elle les garde détachés la plupart du temps mais il lui arrive de les attacher en deux couettes de part et d'autres de sa tête. Cette coiffure reste rare toutefois car elle n'aime pas beaucoup dévoiler son dos où se trouve la cicatrice de quand elle était tombée. Elle n'aime pas cette marque blanche et épaisse qui lui rappelle sans cesse cet épisode de sa vie. Paradoxalement, ça ne la dérange pas de mettre des hauts décolletés dans le dos...
Au niveau vestimentaire, Rin s'habille non pas comme une petite fille mais vraiment comme une femme, du moins quand elle ne porte pas l'uniforme de son lycée. De longues bottes qui montent jusqu'aux genoux, des jupes qui mettent en valeur ses hanches ou de longues robes élégantes et des hauts en décolleté. Elle aime bien avoir quelques accessoires qui dénote un peu aussi, comme un foulard à imprimés léopard ou encore une petite ceinture autour de la cuisse. Il est possible qu'Haru l'ait influencée de ce côté là.
Sous sa forme animale, Isuzu est un grand cheval tout en finesse qui doit faire dans les 1m73 de garot. Sa robe est d'un noir parfait sans aucune tache de gris et ses crins sont ébènes.
Pour le caractère, et bien... On pourrait dire que Rin est tel un étalon sauvage. Fière, elle ne se laisse pas approcher facilement et fait en sorte de ne jamais laisser paraître la moindre faiblesse. Et pourtant, la jeune fille en a beaucoup. Mais elle s'est forgée une carapace pour étouffer ses souffrances et ne rien montrer de ce qu'elle peut ressentir aux autres. Ses nerfs sont assez fragiles, ce qui fait qu'elle peut rapidement se mettre en colère et crier. Elle n'hésitera pas non plus à frapper si besoin, et chacun sait qu'un coup de sabot n'est jamais agréable.
Froide, cassante et même blessante, elle fait tout pour qu'on ne cherche pas à s'occuper d'elle. Et pourtant, sous ses airs solitaire elle a un manque d'affection et de reconnaissance énorme. Si on réussit à briser sa carapace, on pourra alors découvrir une jeune femme timide mais loyale et qui se soucie beaucoup de ses proches. Mais elle se refuse à fuir, à s'ouvrir, à chercher la sécurité dans les bras de quelqu'un, sinon elle aura l'impression d'être faible.
Rin est aussi une personne passionnée. Quand elle aime, ça sera toujours sans compter. Une obsession presque qui la rend accro à l'être aimé. Elle se juge parfois elle-même comme un parasite qui s'accroche jusqu'à étouffer l'autre. Mais c'est cette passion qui fait d'elle quelqu'un de déterminé et têtu. Quand elle décide quelque chose, elle s'y tient et ira jusqu'au bout, qu'importe les moyens. Elle est prête à tout pour réussir son objectif.